Voilà ma petit chronique concernant:
Marlaguette
Nombreux sont ceux qui, enfants, ont eu entre les mains un album du Père Castor. Marlaguette fait partie des grands classiques de cette collection. Le livre date, je crois, du début du XXè siècle. L'édition que j'ai lue, en tout cas, était celle avec les illustrations des années cinquante. Depuis, d'autres illustrateurs ont prêté leur talent à cette histoire.
Venons-en à l'histoire, justement, pour ceux qui ne la connaîtraient pas:
Marlaguette est une petite fille qui, alors qu'elle se trouve en forêt, est enlevée par un loup qui veut la dévorer. Elle se débat si bien que le loup, lorsqu'il essaie d'entrer dans sa caverne, se cogne la tête et s'assomme. D'abord satisfaite, la petite fille prend pitié du loup blessé et le soigne. Ils finissent même par devenir amis. Mais un jour qu'ils se promènent ensemble, un geai se moque du loup convalescent. Ce dernier attrape et croque l'oiseau. Très fâchée, Marlaguette dispute le loup qui promet, pour lui faire plaisir, de devenir végétarien.
Mais malgré l'amour de la petite fille, malgré les tisanes, les salades et les soupes, le loup dépérit. Marlaguette comprend alors que s'il continue à se nourrir ainsi et à ne pas chasser, il mourra. Elle le délivre alors de sa promesse et lui rend sa liberté de bête sauvage.
On peut lire ce conte, moderne pour son époque, à différents degrés.
D'abord, simplement, comme une sorte de conte écologique, le respect de la nature, la prise de conscience que ce loup, prédateur, n'est pas pour autant méchant, mais obligé d'agir ainsi pour vivre. Et que, l'enfer étant pavé de bonnes intentions, c'est par méconnaissance malgré son amour que la petite fille a failli le faire mourir. En cela, avec l'actualité actuelle, cette histoire trouve plus que jamais une résonance à notre époque et je voudrais pouvoir la faire lire à certains bergers ou chasseurs.
Mais c'est aussi plus largement l'acceptation de la différence, le respect de la nature propre à chacun, la prise de conscience que ce qui peut paraître mal pour l'un peut être une question de survie pour l'autre. Peut-être aussi sur un autre plan, que l'amour peut étouffer s'il ne laisse plus de place à la vraie personnalité de chacun?
Le texte a bien sûr un peu vieilli, mais pas le thème et il parle autant à des petits d'aujourd'hui qu'à ceux d'hier. C'est un livre d'enfant intelligent, propre à faire réfléchir à partir d'une jolie histoire d'amitié.
Petite, je n'aimais pas Marlaguette que je trouvais égoïste, et je n'aimais pas trop le dessin de la fillette, avec ses nattes blondes et ses joues rouges comme souvent sur les dessins d'époque. Par contre, le grand loup gris, tout maigre, avec ses yeux tristes, faisait pitié. Je ne connais pas les dessins de la version la plus récente, je ne peux donc pas en parler ni comparer.
L'histoire est courte comme toutes les histoires pour jeunes enfants, mais elle mérite vraiment d'être lue. En tant qu'adulte, on pourra certainement trouver quelques reproches à lui faire, qu'importe. Le principal reste qu'elle convient très bien à un jeune public et que l'on s'en souvient encore bien des années plus tard.